Bouge tes faysses

Celles que l’on appelle les faysses, ces terrasses en pierre sèche, construites et reconstruites pas nos aïeux depuis plusieurs centaines d’années, ont vu leur usage se tarir depuis un siècle. Certaines sont aujourd’hui complètement abandonnées. C’était le cas des faysses du moulinage de Chirols, jusqu’à ce qu’une opération d’éclaircie et de débardage soit organisée en 2015 (voir la partie « Histoire des faysses »).

Un lieu de partage de savoir-faire sur la construction en pierre sèche
Après avoir rouvert le site, l’heure est à la reconstruction des murs et des escaliers en pierre sèche pour réparer les dégâts causées par le temps, les racines des Pins, les abattages et les intempéries. Des financements publics permettent d’organiser plusieurs journées de stage et de formation avec l’association ELIPS (École Locale et Itinérante de la Pierre Sèche), dont les compétences sont mises à profit pour mener à bien ces chantiers techniques, délicats. Au delà de la dimension pédagogique, l’intention est de répondre à l’urgence de mise en sécurité du site et des accès avant toute ouverture au public.

Une équipe prépare le terrain en vue de remonter un mur, au dessus du moulinage

En 2021 et 2022, nous avons mené cinq autres chantiers participatifs de rénovation de murs en pierre sèche avec ELIPS, en donnant la priorité aux brèches se trouvant dans les murs qui surplombent le moulinage, afin de sécuriser le bâtiment. Les murs remontés assurent désormais à nouveau pleinement leur fonction drainante, contenant la terre tout en laissant passer l’eau.

Les jardins partagés


L’expérimentation au goût du jour
Depuis quelques années, des habitants de Chirols se retrouvent régulièrement pour se réapproprier et transformer l’usage de ces faysses communales. Naka, un chirolain de longue date, a planté plusieurs espèces de fruitiers qui s’épanouissent à leur rythme. Raoul, apiculteur, choisit une terrasse pour y placer une vingtaine de ruches. Lucille installe un poulailler et une soixantaine de poules sur deux terrasses, sous les ruches. Sur un petit coin des quelques 18 700m² de terrasses, des jardiniers y installent leurs potagers. C’est le cas des habitant.e.s du moulinage, qui y cultivent un bout de terre depuis 3 ans. Les terrasses retrouvent un usage. Leur réappropriation est à l’œuvre.

Aujourd’hui, les usages évoluent, et de nouvelles aspirations émergent.

Une volonté est d’ouvrir ce lieu au public, pour en permettre la déambulation, et pourquoi pas espace d’expression artistique, qui pourrait offrir des expositions pluvio-compatibles, des représentations, des expérimentations sonores… Certain.e.s habitant.e.s voient aussi dans ces terrasses un potentiel support pour l’échange de pratiques, constituant un lieu de rassemblement pour partager des savoir-faire autour du jardinage, de l’arboriculture, de l’aménagement paysager…

C’est aussi un lieu d’expérimentation : cultures sans irrigation, jardinage après déboisement sur un sol forestier, techniques de travail du sol, dimension pédagogique…

L’expérimentation, au cœur du projet du Moulinage, revêt bien des visages. Les faysses forment l’un d’eux, traçant un sillon sinueux sur une terre qui retrouve alors sa vocation nourricière.

Remontage d'un mur à proximité du bâtiment "Habitat", en mai 2021