Pont-de-Veyrières. Quel quartier ! Au siècle dernier, il accueillait cafés, bistrots, épiceries, quincaillerie et bureau de poste. Puis vinrent les zones d’activités et les supermarchés. Une bonne partie de l’Ardèche, comme de nombreuses autres campagnes françaises, connut un exode rural sans précédent. Pont-de-Veyrières n’y échappa pas. Épiceries et bistrots fermèrent les uns après les autres.
Dans les années 2010, le vent tourna. Un lot de circonstances fit de Pont-de-Veyrières le théâtre de nouvelles énergies. Le Fournil Les Co’pains, boulangerie coopérative et culturelle montée en SCOP, s’installa dans le quartier en 2011. La brasserie de l’Ale Ouët leur emboîta le pas en 2013. Quant à l’écomusée, qui raconte l’histoire de l’ancienne usine, il avait vu le jour en 1988, dans une partie du bâtiment rattaché au moulinage.
La mairie est un soutien de choix dans cette nouvelle dynamique. La volonté des maires successifs de Chirols d’accueillir de nouvelles populations pour refaire vivre la commune ont largement contribué à cette vie foisonnante.
C’est dans cette fourmilière que nous décidons de poser nos valises – et, accessoirement, nos caravanes. En mai 2019, la coopérative achète le bâtiment.
L’aventure collective sur le site commence.
Notre lien avec le voisinage s’étoffe au fil des années. Depuis plusieurs années, le Fournil des Co’pains propose des concerts les vendredis soirs estivaux, à l’occasion des marchés de producteur·ices locaux·les. La programmation étant lourde à organiser, nous avons décidé de la partager entre le Fournil et le Moulinage.
Les fours du Fournil sont alimentés en bois par les chutes de l’atelier participatif Grand Mère-Scie membre du Moulinage. Le pain qui y cuit nourrit les habitant·es de la vallée, nous y compris. Nous sommes de (très) bon·nes client·es de la brasserie de l’Ale Ouët. Quant aux maraîcher·es alentours, iels nous fournissent les légumes dont on a besoin pour accueillir les bénévoles des chantiers participatifs, pour rénover un bâtiment qui accueillera plus tard une salle de spectacle de 200 places, où se produiront des artistes que les maraîcher·es viendront peut-être voir jouer.
En octobre 2021, une tour enduite de ciment a été démolie pour aérer et agrandir la rue entre les deux bâtiments du moulinage. Les pierres contenues dans les murs ont servi à remonter les murs en pierre sèche sur le chantier qui avait lieu au même moment, avec l’aide de l’association ELIPS et leurs murailler·es professionnel·les.
Au Moulinage, l’économie et la circulation des matériaux – dite « économie circulaire » – s’incarnent concrètement, dans la matière.