« Temporitif »

(et néo-logismes !) 

Au moulinage, on crée. Tous les jours, tout le temps, dès qu’on a besoin d’un truc qui n’existe pas encore, on se dit : on a qu’à l’inventer. Et des fois, ça marche ! 

Comme quand il nous manque un mot pour désigner un truc qu’on vit, une réalité bien réelle de notre quotidien qui n’est pas vraiment du temporaire, mais dont on sait qu’elle va quand même durer longtemps, sans devenir pour autant du définitif…

Alors au moulinage, on a créé : le “temporitif” !

Et ça concerne notamment des espaces du bâtiment montagne, dont on a ressenti le besoin dès qu’on est arrivé·es dans les lieux en mai 2019 : un foyer pour cuisiner et manger toustes ensemble, un dortoir pour héberger les membres du collectif qui en ont besoin et les volontaires de passage, des “sanitaires” (entendre un mix entre salle de bain et buanderie) avec des douches isolées en panneaux publicitaires, ainsi qu’une salle qu’on a appelée “polymorphe”, servant aussi bien aux réunions, aux fêtes, et surtout aux résidences de création, à l’accueil de spectacles et de projections de films.

Tous ces espaces “temporitifs” sont cloisonnés avec des panneaux de décors de théâtre venus de l’Opéra de Lyon (Don Giovanni pour la petite histoire !). Entre ces panneaux, on a mis des plaques de laine de verre qui étaient dans les bâtiments avant notre arrivée, et qu’on a démontés des faux plafonds du bâtiment rivière.

Le tout se voulant à la fois écologique et pragmatique, logique et facile à mettre en pratique par la belle bande “d’acharnistes” que nous sommes ! En se rappelant toujours que tout ça, au fond, n’est jamais gravé que dans du “marbre mou”, un autre des concepts fondateurs du quotidien au moulinage !

Au-delà des jeux de mots, faire l’expérience du “temporitif”, c’est aussi se donner le temps de goûter aux espaces et d’identifier progressivement leurs usages, plutôt que de plaquer des idées pré-définies sur des parties du bâtiment avant d’y avoir vécu.

L’expérience temporitive nous oblige à lâcher un peu prise sur le temps, à accepter que le temps peut être un peu élastique, et que le chemin compte autant que l’objectif !

Et c’est aussi notre manière à nous de mettre en pratique des concepts architecturaux comme la “programmation par l’usage” et la “permanence architecturale” (cf Patrick Bouchain, Sophie Ricard…).